Après nos premiers pas au Vanuatu sur l’ile d’Efaté nous nous rendons par bateau sur l’ile de Malakula. Après 12 heures de traversée de nuit nous arrivons au petit matin au village francophone de Lamap situé au sud Est de l’ile.
Nous y sommes les seuls touristes. Ce village de 2000 habitants est complètement différent de ceux que l’on a pu voir sur Efaté. Ici les maisons sont bâties de manière traditionnelle, très peu de béton, pas de route, bref le Vanuatu sauvage.
Nous sommes chaleureusement accueillis par les habitants et déambulons toute la journée dans, et aux alentours du village. Nous ne sommes jamais seuls, il y a toujours quelqu’un pour nous accompagner et discuter. Qu’ils sont gentils ces ni-vanuatu… ! Lors de cette promenade nous remarquons à quel point la terre est riche, ici tout pousse, même les branches servant de clôtures repoussent formant des clôtures vertes ! Nous cueillons dans les arbres pamplemousses, oranges, fruits de la passion pour nous sustenter.
Le jour suivant est un dimanche et pas n’importe lequel : c’est la fête du saint patron de l’Océanie : saint Pierre Channel premier martyr du pacifique. Comme tous les habitants du village nous allons à la messe. L’église est remplie, les femmes de la chorale chantent comme des crécelles à en faire exploser les tympans, les gens se mettent parfois à danser…bref c’est assez amusant.
Après l’office, nous sommes conviés à un pique-nique géant. Nous dégustons le Lap Lap (on ne sait ce qu’il y dedans mais c’est bon !) et un cochon grillé à la broche.
Nous profitons de ce moment pour discuter avec beaucoup d’habitants et répondre aux interrogatoires : nom, prénom, âge, métier, situation maritale, pays d’origine, ville de résidence, raison de la venue au Vanuatu. Nous avons dû répondre une bonne vingtaine de fois à ces questions !
Nous apprenons pourquoi l’ile porte ce nom : c’est un missionnaire français qui est allé faire ses besoins dans la nature et a utilisé les feuilles d’un arbre pour s’essuyer. Or cet arbre a des feuilles urticantes. Le missionnaire s’est ensuite plaint « j’ai mal au cul là » d’où Malakula !!
Nous profitons de ce déjeuner pour organiser un treck dans la jungle afin de rejoindre un village de la tribu des small Nambas avec un guide : Arnaud.
Tous les soirs dans le village nous avons pris l’habitude d’aller dans les bars locaux : les nakamals. Ici on ne sert pas de l’alcool mais du Kava…. Ah le kava… ! C’est une racine qui est broyée et mixée avec de l’eau pour en extraire un liquide vert servi dans une demi noix de coco qu’il faut boire cul-sec. C’est immonde…. !
A défaut d’être saoul, le kava produit un autre effet : c’est le plus légal des narcotiques, c’est-à-dire que ça endort la bouche et rend un peu « stone » ! Ces nakamals, nous aimons y aller pas pour la boisson qui est infecte, mais parce que c’est un excellent lieu de rencontres et d’échanges. On discute facilement avec tout le monde et nous pouvons poser toutes sortes de questions sur la culture, les coutumes, la manière de vivre et rigoler tous ensemble. On nous pose aussi beaucoup de questions sur nous et sur la France et parfois d’autres plus inattendues tels que « est-ce que vous voyez la lune en France ? » ou encore « est ce qu’il y a des sirènes en France ? » ! A cette dernière question nous expliquons que c’est une légende mais le chef du village ne nous croit pas et conclut la discussion par : « S’il n’y en a pas en France, alors il doit y en avoir en Afrique… ». Nous ne trouvons rien à redire ! Bref, nous aimons aller au nakamal car c’est un lieu de vie très sympathique où tous les hommes du village se retrouvent la nuit tombée (les femmes ne sont pas admises).
Nous quittons Lamap où nous ne sommes restés que 2 nuits, mais nous avons l’impression de connaitre tout le monde et d’être dans ce village depuis beaucoup plus longtemps.
Nous commençons notre marche avec Arnaud jusqu’au village de Melkiene.
Dans ce village vivent des gens de la tribu des small Nambas, littéralement « petit étui pénien » (au nord de l’ile, les gens appartiennent aux big Nambas !). Ces tribus étaient cannibales et le dernier cas de cannibalisme remonte à 20 ans... Nous marchons toute la journée sous une chaleur écrasante à travers la jungle, nous traversons 12 fois une rivière et finissons par arriver en fin de journée au village.
Celui-ci est vraiment perdu au milieu de nulle part et le monde moderne n’est pas passé par ici. Nous sommes accueillis par le chef du village qui nous désigne une maison pour résidence. Les gens ne parlent quasiment pas anglais ni français, mais sont très attentifs à notre bien-être (on se répète mais les ni-vanuatu sont vraiment charmants). Le village est assez grand (au moins 500 habitants !) et très joli. Les maisons sont ravissantes et les jardins très bien entretenus.
Nous ne restons qu’une nuit ici et le matin de notre départ, le chef, ses 2 assistants et un jeune nous emmènent dans un lieu sacré.
Ils font à cet endroit toutes leurs cérémonies et nous proposent de faire une danse traditionnelle que nous acceptons avec plaisir.
C’est juste IMPRESSIONANT.
Vêtus de leurs habits traditionnels, c’est-à-dire nus avec un étui pénien et des fleurs dans les cheveux et autours des bras, ils tournent autour d’un bambou en chantant et dansant. Nous avons l’impression d’être dans un autre monde et à une autre époque. C’est un moment magique, nous sommes privilégiés de pouvoir y assister.
Après cet extraordinaire moment nous reprenons la route direction le village d’Unua III sur la cote où nous finissons notre séjour à Malakula. Nous avons vécu sur cette ile des moments humains très forts, et avons beaucoup appris sur le Vanuatu.
Nous prenons ici un bateau pour l’ile d’Espiritu Sancto.